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Per aspera ad astra
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24 mars 2022

Josée, le tigre et les poissons : Le syndrome du sauveur valide

Vous ne le savez peut-être pas, mais j'adore les films d'animation. Il y a dans l'animation quelque chose qui m'émeut davantage que dans les films joués. Je suis également passionnée de biologie et d'animaux. Et enfin, comme vous le savez via mes écrits, je suis militante anti-validisme (du moins, je m'efforce de l'être). Alors, quand j'ai su qu'était sorti en 2020, un film d'animation qui parlait à la fois de poissons et de handicap (oui, dit comme ça l'association peut paraître étrange), j'ai su que je le regarderai.

 

Eh bien, je n'ai pas été déçue du voyage. Je vous préviens, l'analyse va être salée.

 

Mesdames et messieurs, permettez-moi donc de vous présenter : Josée, le tigre et les poissons de Kotaro Tamura. 

 

 


 

Résumé :

Tsuneo est un jeune homme de 22 ans, étudiant en biologie marine au Japon. Il partage son temps entre ses études et son petit boulot (vendeur dans un magasin d'accessoires de plongée). Ses week-ends, il les passe sous l'eau à photographier les poissons dans les magnifiques récifs coralliens. Bref, vous l'avez compris, Tsuneo est un grand passionné de vie marine. Son rêve est d'ailleurs de partir étudier au Mexique l'année suivante où se trouvent des poissons rares, endémiques du pays. Mais pour ce faire, il a besoin d'argent.

 

Un jour, il tombe (littéralement) sur Kumiko, alias Josée, une jeune femme de 24 ans. Ou plus exactement, c'est elle qui lui tombe dessus, car elle a perdu le contrôle de son fauteuil roulant dans une pente et s'écrase sur Tsuneo (qui amortit donc galamment sa chute).

 

Tsuneo ne le sait pas encore, mais il vient de dénicher son nouveau job étudiant ! En effet, jugeant visiblement que servir de coussin ambulant est une qualification suffisante pour devenir auxiliaire de vie, la grand-mère de Kumiko l'engage presque aussitôt pour devenir le nouvel accompagnant de sa petite-fille (oui, Kumiko est aussi orpheline. On a de la veine ou on n'en a pas...). Enfin, « auxiliaire de vie », c'est un grand mot pour qualifier le travail de Tsuneo. « Homme de compagnie » serait plus exact puisque les deux jeunes gens ont l'interdiction formelle de sortir de la maison au prétexte que cela serait trop dangereux pour Kumiko. Qui a 24 ans, je le rappelle. Ce n'est plus de la surprotection à ce stade, c'est de la séquestration.

 

Heureusement pour la santé mentale de tous, Tsuneo et Kumiko ne tardent pas à enfreindre la règle. Et c'est parti pour une succession de séquences "émotion" dans lesquelles Kumiko découvre le monde tel un nouveau-né, car visiblement, la grand-mère n'a jamais pris la peine de la sortir de son quartier. Kumiko à la plage, Kumiko prend le train, Kumiko au parc, Kumiko au zoo, Kumiko au  cinéma, Kumiko à l'aquarium, Kumiko à la bibliothèque (très dangereux, la bibliothèque pour un paraplégique). On pourrait en faire une série Martine, version invalide. Par son émerveillement, ses yeux écarquillés, son ignorance de tout, le film nous fait comprendre que c'est la première fois qu'elle fait tout cela en 24 ans d'existence. Elle mentionne simplement une lointaine sortie au bord de la mer avec son père dix ans auparavant. À se demander même si elle est allée à l'école. Elle est d'ailleurs passionnée de lecture, car c'était (évidemment !) le seul moyen pour elle de connaître le monde extérieur jusqu'à présent.

 

 

Parodie d'une couverture de la série "Martine" intitulée "Kumiko au zoo"Parodie d'une couverture de "Martine" intitulée "Kumiko à la mer"

 

Évidemment, durant ces sorties, Tsuneo et Kumiko se rapprochent (vous sentez venir l'inévitable romance ?). Certes, en jeune fille handicapée bien clichée, Kumiko commence par repousser Tsuneo et son aide, allant jusqu'à le traiter régulièrement de « pervers » et l'appeler « serviteur » (ce qui deviendra un running gag). Néanmoins, son émerveillement, son ignorance de tout et son caractère finiront par gagner le cœur de Tsuneo. De plus, Kumiko partage sa fascination pour le monde marin, qu'elle dessine, faute de le voir en vrai (car visiblement, aller à l'aquarium ou entreprendre des études de biologie marine n'est pas à la portée d'une paraplégique). Évidemment, Tsuneo se fera alors un plaisir de l'emmener à l'aquarium pour lui faire partager sa passion et sa science.

 

Un espoir d'autonomie s'ébauche enfin vaguement pour Kumiko lorsque sa passion pour les livres la fait remarquer par la bibliothécaire et lui offre l'éventualité d'un emploi (sans que cela se concrétise encore). Dans le même temps, sa grand-mère meurt et elle se retrouve seule. Un assistant social vient frapper à sa porte (il serait temps!) mais son "aide" se limite à tourner en ridicule les vagues projets de Kumiko, qui rêve de devenir illustratrice. Il l'invite plutôt à prendre un emploi de bureau, bien plus stable et adapté pour une personne handicapée (sans spécialement suggérer un métier ou une formation en particulier). S'en suit une immédiate et évidente perte de confiance pour Kumiko, car ces années d'enfermement à entendre dire que « tout est hors de portée » ne lui permettent pas d'envisager que l'assistant social puisse avoir tort (ce sont, à mon sens, les deux seules scènes pertinentes du film).

 

Et là, c'est le drame. Alors qu'elle s'est un peu éloignée de Tsuneo pour la première (et unique) fois du film, à la suite d'une dispute, Kumiko se retrouve bloquée au milieu d'un passage-piéton par un relief sur la route. Une voiture lui fonce dessus quand Tsuneo surgit, tel un héros, et parvient à l'écarter du passage. Mais il est lui-même percuté par le véhicule et transporté à l'hôpital.

 

Là, le verdict tombe : il gardera à vie de l'arthrite dans les jambes. Il n'est pas certain de pouvoir un jour remarcher, courir... ou faire de la plongée. Autrement dit, voilà Tsuneo handicapé à quelques jours de partir pour le Mexique (pour lequel il avait finalement obtenu une bourse). Toute sa vie est remise en question. Kumiko parvient tout de même à lui remonter le moral (à la suite d'une séquence "émotion" dans laquelle elle lui rappelle qu'il est son sauveur) et il se jure de parvenir à remarcher pour partir au Mexique l'année suivante. Il y parvient, évidemment. De son côté, Kumiko accepte un travail à la bibliothèque tout en continuant à dessiner. Dans la foulée, les deux amoureux se font leur déclaration (dans une scène où Kumiko perd ENCORE le contrôle de son fauteuil dans la même pente qui avait provoqué leur rencontre quelques mois auparavant). La scène finale nous montre Tsuneo, bien droit sur ses jambes, revenant du Mexique pour retrouver Kumiko.

 

FIN


 

Le pire dans tout ça, c'est que je ne peux même pas dire que j'ai détesté le film. Parce que ce n'est pas un film détestable. La romance entre Tsuneo et Kumiko est évidemment prévisible mais mignonne. Les personnages sont attachants (même ceux qui sont secondaires, comme les amis de Tsuneo). Et étant donné que j'ai des points communs avec chacun des deux héros, je m'identifie d'autant plus à eux sur certains points. Le film est également beau sur le plan visuel avec de jolies séquences sous l'eau (notamment la scène d'ouverture). 

Oui, mais voilà, il ne suffit pas de faire un film mignon et beau pour le rendre pertinent. En particulier sur le plan du handicap. Et d'autant plus si on prétend remettre en cause des préjugés, et non les perpétuer. Comme d'habitude quand des valides prétendent faire un film sur le handicap pour surmonter les idées reçues, les intentions sont louables. Mais comme ils ne savent pas de quoi ils parlent et ont eux-mêmes un certain nombre de préjugés qu'ils contribuent – sans le vouloir – à perpétuer, le but est manqué.

 

Je vais donc tâcher d'expliquer pourquoi ce film est validiste (C'est-à-dire, contribue, sans le vouloir, à répandre des préjugés discriminants sur les personnes handicapées). 

 

I Un film d'animation qui s'inscrit dans une tradition ancienne (et usée jusqu'à la corde)

 

Notons d'abord une première chose : Josée, le tigre et les poissons s'inscrit dans une tradition dans la représentation du handicap qui remonte au XIXe siècle avec Heidi, et s'est perpétuée jusqu'à aujourd'hui à travers des films bien connus comme Intouchables ou Avant toi (Me before you)

 

Vous allez me dire : « Hein ? Quel est le rapport entre toutes ces œuvres ? ».

 

Article du CLHEE : Trop moche la vie : Riche mais handicapé
CLHEE

Qu'y a t-il de commun entre l'histoire de Heidi (la célèbre orpheline des montagnes), le film " Intouchables " (que l'on ne présente plus et dont la simple évocation me donne de l'urticaire) et la bluette américaine qui va bientôt sortir en salle, dénommé " Avant toi " (en VO " Me Before You ") ?

https://clhee.org


  Eh bien, comme l'a fort bien expliqué Elisa Rojas dans l'article ci-dessus, le thème du valide fauché qui est engagé par hasard pour devenir l'homme ou la dame de compagnie d'une personne handicapée plus aisée, mais surtout tristounette, ça ne date pas d'hier. Comme je viens de le dire, on retrouve déjà cette histoire vieille comme le monde dans le roman Heidi de Johanna Spyri (date de publication du premier tome : 1881) puisque l'héroïne est précisément envoyée à Francfort de force pour devenir la demoiselle de compagnie de Claire, une jeune fille paraplégique plus âgée et plus riche qu'elle, mais surtout... triste à en crever. Heureusement, grâce au rire communicatif et à la joie de vivre de sa nouvelle compagne, Claire retrouvera peu à peu goût à la vie. Même schéma dans Intouchables. En effet, Driss, le banlieusard au chômage, est engagé par hasard pour prendre soin de Philippe, riche et tétraplégique. Mais surtout, il va remettre de la joie dans sa vie, car notre homme est.... devinez quoi ? Triste à en crever. Dans Avant toi, scénario identique. La jeune Lou met du baume au cœur de Will, tout aussi tétraplégique, riche et …. triste à en crever.

 

Vous l'aurez compris, Josée, le tigre et les poissons n'a rien de particulièrement novateur dans sa façon d'aborder le handicap. Il s'inscrit, au contraire, dans une tradition validiste selon laquelle la personne handicapée a besoin de la personne valide comme aidante pour avoir une vie heureuse et épanouie. Car la personne handicapée n'est pas capable d'atteindre ce bonheur par elle-même

 

Certes, il y a une différence de taille entre ce film et tous ceux que j'ai cités précédemment : Kumiko n'a certes pas une vie folichonne, mais elle n'est pas en dépression comme le sont Philippe, Will ou Claire. De même, Tsuneo ne se démarque pas spécialement par sa joie de vivre comme Heidi, Driss ou Lou. Il ne rit pas aux éclats à tout bout de champ, ne danse pas et ne fait pas de gaffes rigolotes. Alors, pourquoi Kumiko a-t-elle tant besoin de Tsuneo comme auxiliaire de vie ?

 

Eh bien, parce qu'il lui fait découvrir le monde, bien sûr !

Ce qui nous amène au deuxième point de notre analyse.

 

II Une vision faussée d'une vie en fauteuil...

 

En effet, comme nous l'avons vu dans le résumé, Kumiko n'a aucune autonomie à l'extérieur et est littéralement confinée (pour ne pas dire "séquestrée") chez elle depuis... toujours. Au point de n'avoir jamais été, ni dans une bibliothèque, ni dans un zoo, ni dans un train, ni dans un bus, ni dans un parc... Bref, elle ne connaît rien du monde extérieur et c'est presque comme si elle venait de naître. Cette approche – quoique très exagérée – pourrait être pertinente si elle permettait au moins de dénoncer le manque d'accessibilité des structures, des transports, des lieux publics...etc. Ou encore, s'il s'agissait de critiquer, à travers le personnage de la grand-mère, la surprotection, l'infantilisation, voire la maltraitance dont les personnes handicapées sont parfois victimes dans leur famille et leur entourage. Mais ce n'est pas le cas. Certes, une scène très brève évoque les soucis d'accessibilité de la ville lorsque Kumiko tente en vain de prendre des tickets de bus à un guichet automatique qui n'est pas à sa hauteur. Mais la plupart du temps, ses problèmes à l'extérieur viennent... de son fauteuil. Pas d'un manque d'accessibilité, mais bel et bien de son fauteuil en tant qu'outil. En d'autres termes, la personne handicapée est présentée comme incapable de gérer son fauteuil sans aide extérieure. Ou le fauteuil lui-même est présenté comme un outil impossible à manier sans accompagnement.  La scène où les deux protagonistes se rencontrent est particulièrement révélatrice de cela puisque Kumiko perd le contrôle de son fauteuil dans une pente et semble incapable de gérer la situation. Elle panique et se cramponne au fauteuil sans essayer à aucun moment de freiner.

 

Preuve en image : 

 

Or, je tiens à rappeler que les personnes handicapées SAVENT utiliser un fauteuil. On leur apprend à manier cet outil en rééducation et à maîtriser toutes les situations de l'extérieur. Pour citer une amie directement concernée  : « Quand on te donne un fauteuil manuel, c'est que tu as la capacité de gérer les roues et donc de freiner. Et puis la fille est dans une pente à fond la caisse et tout ce qu'elle trouve à faire, c'est se cramponner aux accoudoirs. Dans une situation comme celle-là, tu essaies au moins de ralentir. »

 

Cette situation se produit tout de même à deux reprises. Pour couronner le tout, l'accident de la route à la fin du récit est également causé par le fauteuil de Kumiko (qui semble bloqué par un relief sur le passage-piéton). Par ailleurs, bien que Kumiko ne soit « que » paraplégique (c'est-à-dire, parfaitement capable d'utiliser ses bras), elle ne pousse jamais elle-même son fauteuil. C'est toujours sa grand-mère ou Tsuneo qui le dirige. Et justement, c'est lorsque Kumiko s'éloigne de Tsuneo et gère son fauteuil seule pour la première fois du film que l'accident se produit.

 

Autrement dit, le film semble considérer qu'il est non seulement impossible, mais également dangereux pour une personne en fauteuil de tenter de se débrouiller seule à l'extérieur. Elle aurait toujours besoin de l'aide d'un valide pour sa sécurité et celle des autres. Elle serait, par conséquent, incapable de se déplacer seule et de découvrir le monde sans un accompagnement permanent.

 

III Qui engendre le complexe du sauveur valide

 

Cette vision faussée d'une vie en fauteuil nous emmène au défaut principal du film. À savoir « le syndrome du sauveur valide ». En effet, puisque Kumiko semble – du fait de son handicap et du fauteuil – incapable d'être autonome, les valides se trouvent nécessairement placés dans une posture de « sauveurs » face à elle. Et notamment Tsuneo, le protagoniste principal du film. Croyez-le ou non, mais en tout, Tsuneo sauve Kumiko 4 fois dans le film (qui ne dure que 1h39). Tout d'abord, il la sauve métaphoriquement puisque, selon le propos principal du film, c'est grâce à lui que Kumiko peut enfin découvrir le monde extérieur et sortir de son isolement. Étrangement, à 24 ans, elle ne semble avoir eu ni les ressources ni l'énergie de gagner un tant soit peu d'autonomie par elle-même ou de se révolter contre la surprotection de sa grand-mère. Il lui faut littéralement attendre un « prince charmant » valide pour la sortir de son endormissement. C'est presque un conte de fée à la sauce moderne (mais avec des valeurs bien traditionnelles) dans lequel le handicap tient lieu de malédiction.

 

Mais plus concrètement encore, Tsuneo sauve encore Kumiko à trois reprises – et directement cette fois ! En effet, comme nous l'avons vu, il amortit sa chute deux fois de suite – une fois au début, lors de leur rencontre, et une fois à la fin pour leurs retrouvailles – dans un rythme cyclique qui se veut poétique et sentimental mais ne fait que confirmer le message désastreux du film (jeune fille handicapée incapable de se gérer toute seule et valide sauveur, nécessaire à la survie de cette dernière). Comme nous le disions cependant, la palme revient au passage central du film durant lequel Tsuneo se sacrifie héroïquement pour secourir Kumiko en se plaçant devant la voiture qui s'apprête à la renverser (car son fauteuil est bloqué au milieu du passage-piéton pour une raison inconnue). Et pourquoi ce sauvetage a-t-il été nécessaire ? Parce que Kumiko a eu l'audace de vouloir se débrouiller seule et de s'éloigner légèrement de Tsuneo à la suite d'une dispute...

 

Message implicite de l'histoire : « Cher handicapé, n'oublie surtout pas que tu dépends des valides. Alors, tant pis si tu te disputes avec ton copain, tu dois lui céder, car tu ne peux pas te permettre de te débrouiller sans lui.» Alors, certes dans le film, Tsuneo est un prince charmant. Il ne profite donc jamais de cette situation. Mais dans la réalité, bonjour le terreau des relations abusives.

 

De plus, n'oublions pas que c'est Tsuneo qui subit les conséquences de l'accident puisqu'il se retrouve à l'hôpital avec une blessure grave. Arrive donc l'autre message implicite de cette scène : une personne handicapée non-accompagnée est un danger pour elle-même et pour les autres.

 

Conséquence : Au lieu de critiquer la surprotection et l'infantilisation évidentes dont Kumiko est victime par sa grand-mère, le film donne raison à cette dernière. De plus, le film caresse les valides dans le sens du poil en leur présentant une image valorisante d'eux-mêmes comme sauveurs et princes charmants des malheureux handicapés. Un « syndrome du sauveur » qui paraît d'autant plus dommageable quand on sait qu'il a des conséquences néfastes bien réelles dans la vie des personnes handicapées. Ainsi, tous les clichés que le spectateur lambda peut avoir sur le handicap sont légitimés au lieu d'être remis en question.

 

En clair, Josée le tigre et les poissons n'a rien de novateur : c'est un film qui reprend et entretient l'image traditionnelle du handicap, empreinte de misérabilisme, de sentimentalisme, d'infantilisation, de condescendance et de paternalisme.

 

Je ne dis pas que les difficultés à prendre son autonomie n'existent pas quand on a un handicap. Surtout lorsque la famille vous surprotège. Mais j'aimerais voir – un jour, peut-être ? – un film qui montre des personnes handicapées capables de conquérir cette autonomie par elles-mêmes au lieu d'attendre un sauveur valide. Par exemple, en luttant contre l'infantilisation et la surprotection dont elles sont victimes (plutôt que de l'accepter comme quelque chose d'inévitable et d'inhérent à leur condition). Ou encore, en s'encourageant et en se poussant les unes les autres plutôt que d'attendre leur salut des valides.

 

Plus encore, j'aimerais enfin voir un film qui présente une vision critique, nuancée – et réaliste – des rapports entre aidant et aidé. J'aimerais que le cinéma ait enfin le courage d'explorer la part d'ombre des ces relations. Des relations où tout n'est pas rose. Où la dépendance s'accompagne de préjugés, de domination d'un côté et de culpabilité de l'autre. Plutôt que de flatter l'ego des valides en réalisant une énième romance mièvre. Alors, peut-être que nous aurons enfin la chance d'avoir un cinéma qui fait reculer le validisme au lieu de le légitimer.

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Commentaires
D
Hello <br /> <br /> I need to
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